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Ode à la rêverie

J’ai, depuis toujours, la tête dans les nuages, les pensées tournées vers des mondes imaginaires qui m’habitent, des formes mouvantes et flottantes qui s’imbriquent ensemble et créent de douces chimères.

Je me rappelle de toutes ces fois où je me suis éclipsée pour pouvoir m’allonger et plonger en toi, rêverie. De toutes ces fois, où je me couchais une ou deux heures plus tôt que l’heure à laquelle je savais m’endormir pour avoir suffisamment de temps pour découvrir les trésors que tu avais à m’offrir.

Alanguie, le cerveau en ébullition, le cœur cognant avec force dans ma cage thoracique, les yeux fermés sur le monde extérieur, je plonge avec allégresse et facilité en toi, ma tendre rêverie. Je m’accomplis totalement dans tes plis d’étoles fictifs. Je te rencontre sous toutes les formes humaines, vivantes que je croise en toi. Tu es l’amante de mes journées. Et même quelquefois de mes nuits, lorsque le sommeil n’est pas de la partie.

Quelquefois aidée par la musique, j’ai tant dansé, chanté, vécu dans mon esprit que tu es devenue mon refuge, un repaire pour mon âme d’artiste souvent meurtrie par le caractère abrupt de la réalité. Tu es à la fois un espace rien qu’à moi et un temps rien que pour moi.

Véritable autohypnose, exaltante fantasmagorie, en toi, les images s’imposent d’elles-mêmes ; les émotions éclatent en bulle ; les histoires se créent avec une facilité déconcertante comme si elles existaient déjà. En toi, le vagabondage et l’errance y sont respectivement roi et reine.

Trop longtemps j’ai cru que tu me permettais de m’échapper du quotidien, de nier la réalité, de me mettre à part de tous ceux que je connaissais, que j’aimais, de vivre dans l’illusion d’un monde factice. Vivre une deuxième vie, désirée, choisie.

Telle Madame Bovary, je pensais rêver ma vie, plus que de la vivre.

Alors qu’au fond, tu m’enchantais, me laissant explorer toute la force de mon imagination débordante. Tu me permettais de vivre de puissantes émotions que je ne vivais que là car j’avais trop peur de les laisser exploser dans le monde. Grâce à toi, j’ai pu libérer tant d’émotions, j’ai pu grandir, mûrir, guérir.

Tu me permettais de me sentir créative car j’ai toujours senti que me laisser aller à toi, cela signifiait créer. L’inspiration, l’élan créatif s’établit en toi avec l’énergie du désespoir, sans contrepartie, sans aucune forme de restriction, comme un cadeau offert par la vie.

Tu donnes l’impression de nous endormir sur l’extérieur, pourtant lorsque tu m’accompagnes, rêverie, j’ai l’impression de faire un rêve éveillé. Un rêve diurne. Un état crépusculaire où mes paupières deviennent lourdes de sable, saupoudré par un généreux marchand.

Mon mental toujours présent, aiguisé, devient alors aussi vaporeux qu’un nuage et, soudain placide, accepte d’être mis de côté. La tête courbée. Dans une révérence rédemptrice, me laissant seule avec l’infini des possibles.

En toi, j’ai développé mon lyrisme, ma volupté, ma sensibilité, ma sensualité, ma joie, ma créativité, ma conscience, ma fougue, ma spiritualité, ma magie, ma vie…

Jamais je ne pourrais te remercier assez et, même si quelquefois je doute, pensant que je rejoins tes bras pour compenser, je le sais, au fond de moi, tu es mon essentiel.

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